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Rumeurs & Légendes urbaines

Les faux médecins de Daech

On constate ces dernières semaines une réapparition de certaines légendes urbaines sur le SIDA, auxquelles nous avons dernièrement consacré un dossier. Le dernier en date : des pseudo-médecins de l’État islamique transmettraient le VIH au moyen de fausses injections d’insuline.

Le post est apparu sur Facebook pendant l’été. Il a fait l’objet de nombreux partages et circule activement. Il met en garde contre l’apparition de faux-médecins se réclamant de la « Faculté de Médecine ». Ces médecins feraient du porte à porte pour mesurer gratuitement « votre taux de sucre ». Ils proposeraient des injections « qui ressemblent à de l’insuline ». Elles contiendraient en réalité le virus du SIDA. Ces faux-médecins seraient membres de l’État islamique.

Hoax Etat Islamique SIDA

Aurore Van de Winkel signale, non sans humour, sa présence en Belgique en Juin 2017. Comme la plupart des légendes urbaines circulant sur Internet, le texte est une traduction presque au mot à mot de l’anglais. Le message original serait toutefois apparu en Inde en Mai 2017 d’après l’australien Hoax-Slayer.

 

Analyse

Le récit s’apparente aux légendes de maniaques urbains ou de junkies fous qui infecteraient au moyen de seringues contaminées des personnes au hasard. Aurore Van de Winkel dans Légendes urbaines de Belgique note la présence de ces légendes dans les années 90.

Des contaminateurs cacheraient des seringues infectées au VIH dans les piscines à balles des fast-food MacDonald’s ou les téléphones publics. En 1998, une légende affirme que les jeunes fréquentant les clubs risquaient d’être piqués par une seringue contaminée. Ils retrouveraient alors un message dans leur poche leur expliquant qu’ils venaient d’être infectés par le SIDA note Aurore Van de Winkel.

Que viennent faire ici les membres de Daech ? Les récents attentats ont fait des terroristes de ce mouvement la figure d’un mal qui frappe ses victimes au hasard. A l’instar des « maniaques urbains » des récits légendaires, ils frappent des lieux de loisirs ou quotidiens. Personne n’est épargné ni en sécurité nulle part semble nous dire cette légende.

Sous l’habit du médecin, ils sont effectivement comme le loup caché sous une peau d’agneau. Le récit fait appel à un motif récurrent des légendes urbaines : le quotidien piégé. Il joue sur le contraste entre la figure rassurante et protectrice du médecin, et la motivation d’un groupe qui cherche à semer la terreur et la mort. Un moyen très efficace de susciter la peur.

A l’inverse toutefois des autres légendes de seringues contaminées, la motivation des contaminateurs n’est pas la vengeance personnelle d’une personne atteinte par le SIDA. Elle sert la cause collective d’un groupe terroriste. Elle ressemble sur ce point à la légende des fruits contaminés originaire d’Algérie et qui a circulé en France en 2015. Originaires de Lybie ou d’Egypte, ces fruits cibleraient les musulmans du pays et seraient une arme des sionistes.

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Sources

« Quand Daech menace la Belgique » Aurore Van de Winkel. C’est presque sérieux. RTBF, Juin 2017.

« Bienvenue au Club Sida » in Aurore Van de Winkel, Les légendes urbaines de Belgique. Avant-Propos, 2017.

« Légendes et imaginaire du SIDA », sur Spokus. Octobre 2016.

« ISIS Infecting People With AIDS Via Fake Insulin Injections ». Hoax-Slayer.net. Août 2017.

2 réponses sur « Les faux médecins de Daech »

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