La possibilité pour chaque internaute de créer un site web, ou une page Facebook, et de partager des informations, la multiplication des « fake news » et des sites satiriques, rendent difficile le repérage d’une source fiable d’information. Se poser certaines questions, et adopter quelques réflexes simples, permettent pourtant de facilement trier le faux de l’info.
Site parodique, blog, information ?
La plupart des sites où l’on trouvera de l’information sérieuse proposent une page “Qui sommes-nous ?”, “L’équipe” ou “À propos”. Elle est généralement située en bas ou en haut de la page d’accueil. On peut normalement y identifier un site parodique, un blog, un site institutionnel ou d’une association, et éventuellement ses objectifs (diffuser les connaissances de l’auteur sur un sujet précis, partager une expertise, promouvoir une cause, vendre des produits, divertir…). Sur Facebook, elle se situe à gauche d’une Page.
.info, .org, des suffixes parfois trompeurs
Le suffixe du nom de domaine (hormis pour les sites en .gouv, réservé à des sites gouvernementaux) n’est, quant à lui, pas forcément significatif … Le .org, qui désigne à l’origine des organisations à but non lucratif, est accessible à tous sans conditions. Il est par exemple utilisé par Santé Nutrition, qui ne représente pas une ONG mais est un site diffusant des informations sensationnelles et dangereuses en terme de santé, tenu par un ancien développeur informatique. Aucun “À propos”, mais un article de Rue89, trouvé en effectuant une simple recherche Google, nous permet d’identifier l’auteur et la nature de ce site.
Certains pseudo-sites d’information peuvent également utiliser la mention « info » pour masquer une orientation idéologique ou religieuse, derrière une apparente neutralité. C’est le cas d’Info Sectes[note]Il faut se rendre en bas de la page d’accueil pour découvrir l' »optique chrétienne » d’Info Sectes. Malgré la revendication d’une approche non-confessionnelle, le site adopte une position ambigüe sur l’Islam, qu’il qualifie en partie de secte, et se montre hostile à la série de livres Harry Potter, accusée d’attirer les enfants et adolescents vers des mouvements occultes[/note] ou de certains sites anti-IVG épinglés par le gouvernement français en 2016.
Qui sont les auteurs du site ?
Qui est l’éditeur du site ? Le responsable de la publication ? Les auteurs sont-ils clairement identifiés dans les articles ? Écrivent-ils sous leur vrai nom ou emploient-ils un pseudonyme ? S’agit-il de journalistes professionnels, d’amateurs éclairés ou de chercheurs universitaires ? S’expriment-ils au nom d’une organisation ou en leur nom propre ? Quel est leur parcours et leur activité présente ? Là encore, la page “A propos” peut être d’une aide précieuse. Il ne faut, également, pas hésiter à faire vos propres recherches, en repérant un profil LinkedIn ou en faisant une simple requête Google. On peut également s’interroger sur le domaine d’expertise d’un auteur : la blouse blanche semble, d’apparence, être un facteur venant renforcer la crédibilité des propos du Prof. Joyeux sur les vaccins ; mais ce serait oublier qu’il est cancérologue, et non pas chercheur en immunologie.
Un coup d’oeil du côté des backlinks
Google permet d’avoir un aperçu (non exhaustif) des liens qui renvoient vers un site ciblé (appelés backlinks), par une simple requête. Exemple avec Spokus :
« spokus.eu » -site:spokus.eu[note]”spokus.eu” permet de rechercher toutes les pages qui mentionnent l’URL du site ciblé ; -site:spokus.eu permet d’exclure les pages du site ciblé par votre recherche.[/note]
On peut associer cette recherche à un passage en revue des éventuels abonnés et abonnements Twitter. Le site est-il suivi ou cité par des sources fiables et diversifiées ? Par des sites institutionnels ? Enfin, l’opérateur related:nomdusite.fr permet d’identifier des sites au contenu similaire à celui recherché. Un site figure parmi les sources de Google Actualités ? Ce n’est pas forcément un gage de fiabilité. On y retrouve de nombreux sites complotistes comme Médias-Presse-Infos ou AgoraVox[note]Ancien fleuron du journalisme citoyen, AgoraVox est aujourd’hui noyauté la sphère conspirationniste. Il a relayé de nombreuses fake news durant la campagne présidentielle américaine de 2016, dont celle accusant Hilary Clinton de participer à des rituels sataniques.[/note].
Décodex, le bon réflexe ?
Beaucoup de sites diffusant des fausses informations sont aujourd’hui identifiés par des journalistes qui se sont spécialisés dans la vérification de faits. Les Décodeurs du Monde alimentent ainsi le Décodex. Ce petit moteur de recherche permet d’avoir quelques éléments sur la fiabilité d’un site.
Présenté comme un “média indépendant traitant de l’actualité bretonne et internationale”, Breizh-Info est en réalité orienté à l’extrême droite[note]Malgré l’utilisation du « info » qui donne l’apparence de la neutralité[/note], et diffuse un nombre important de fausses informations :
Ce que confirme un article de Rue89, ou encore le blog Droites Extrêmes, tenu par des journalistes spécialisés.
Le Décodex est cependant loin d’être exhaustif. Certains sites sont par ailleurs classés comme non fiables sans plus de justifications ; c’est le cas du Grand Soir par exemple. Par soucis de transparence, un article du blog du Décodex donne cependant accès à l’ensemble des sources répertoriées.
Utilisé comme un indicateur parmi d’autres, le Décodex est d’une certaine utilité, et les avis qu’il propose se révèlent, la plupart du temps, être vérifiés par des recherches personnelles. On peut s’appuyer sur d’autres sites de fact-checking, comme Snopes pour les sites anglophones. Nous en avons relevé une liste (non exhaustive) sur ce document.
Comment l’information est-elle présentée ?
Les articles publiés par le site s’attachent-ils à présenter plusieurs versions des mêmes faits ? Rapportent-ils le témoignage de plusieurs témoins directs d’un événement ? A t-on affaire à des contenus d’opinion ou à des informations factuelles ? Les titres et les premières lignes de l’article vous semblent-ils plus sensationnalistes que le reste du contenu ? Prêter attention à la manière dont les contenus sont sourcés est une étape importante dans l’évaluation d’un site. Les propos rapportés sont-il, par exemple, reliés à une source ? Pour aller plus loin, vous pouvez sélectionner au hasard quelques articles et les passer au crible, à l’aide de notre fiche Évaluer la fiabilité d’une information [à venir]. Attention également aux dates de mise à jour et de publication des derniers articles et du site …
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Pour aller plus loin, et comprendre le phénomène de la désinformation en ligne, nous vous recommandons nos articles sur le sujet.
Image à la Une : Checklist, par Gerd Altmann (source : Pixabay)
3 réponses sur « Évaluer la fiabilité d’un site d’information »
[…] Bref, faire la chasse aux idées reçues et autres théories du complot. « Face à la montée du climatoscepticisme, à la contestation de certains faits scientifiques (débat sur les vaccins…), à la persistance de certains préjugés (les garçons sont meilleurs en sciences), au développement des fausses nouvelles (fake news)… L’édition 2018 de la Fête de la science s’empare de la thématique des idées reçues », annonce mardi le ministère de l’Education et de l’Enseignement supérieur. La Fête de la science se tiendra du 6 au 14 octobre 2018 en France métropolitaine et du 10 au 18 novembre dans les Outre-mer et à l’international. Évaluer la fiabilité d'un site d'information – Spokus. […]
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